Le Passé

Avec ses deux précédents films, A propos d'Elly et Une séparation, Asghar Farhadi s'est imposé comme l'un des réalisateurs les plus passionnants de ces dernières années.
Son cinéma se caractérise entre autres par une écriture et une direction d'acteurs parfaites.
Autant dire que pour son premier film tourné en France, en compétition à Cannes, il était très attendu.
J'admets cependant avoir été moins bluffé par Le Passé que par ses deux autres films cités.
Encore une fois, on retrouve le même schéma et les mêmes thématiques. A partir d'un évènement de départ, (ici, le retour d'un homme, 4 ans après son départ, pour signer les papiers de son divorce avec son ex-femme), le réalisateur tisse une toile dans laquelle l'ensemble de ses personnages est impliqué. La séparation, le secret, les non-dits se retrouvent au cœur de son récit.
Les rôles principaux sont tenus par un trio d'acteurs impeccables : Bérénice Béjo (qui a remplacé Marion Cotillard initialement prévue) est Marie, Ali Mosaffa est Ahmad, son ex-mari, qui a gardé un très bon contact avec les filles de Marie (dont il n'est pas le père) et Tahar Rahim est Samir, le nouvel ami de Marie qui tient un pressing, installé avec son fils chez Marie, et dont la femme est dans le coma.
Le climat est particulièrement lourd, Le Passé est un film où l'on se met souvent en colère, où les relations sont compliquées, où les personnages perdent pied pour différentes raisons... De plus, l'action se passe dans une ambiance maussade : il pleut beaucoup, les intérieurs sont sombres et bordéliques à l'image du bordel qu'il y a dans la tête des protagonistes.
Si je trouve que Farhadi maîtrise encore une fois parfaitement les enjeux de son (ses) histoire(s), j'avoue avoir trouvé que le film mettait un peu de temps à se mettre en place et surtout qu'il ouvrait peut être un peu trop de tiroirs.
Au fur et à mesure de son développement, Farhadi sème la confusion chez le spectateur, c'est à la fois ce qui tient en haleine (il y a un vrai suspense) et ce qui peut lasser (trop de sous-intrigues finissent par nuire à l'ensemble).
Malgré ses quelques défauts (le film est peut être un poil trop long et pessimiste), le nouveau film de Farhadi, s'il ne détrône pas son chef d'œuvre de 2011, est un film à voir absolument, au moins pour la qualité de son écriture et le jeu impeccable de ses interprètes.

7.5/10

Comments

[Claire]

J'ai beaucoup aimé ce film, bien qu'il contienne comme tu le dis, peut-être un peu trop de tiroirs.
Mais où ailleurs trouver ce propos et ce recul, ces constats et cette humanité?
Le film est sans conteste très violent dans certaines scènes, de cette violence insidieuse du quotidien fissuré, attaqué au cœur de nos sociétés 'modernes', qui en apparence fait moins peur, mais qui marque plus durablement.
La maîtrise du réalisateur (due aussi à son expérience à présent) tant sur le fond que dans la forme peut aussi déstabiliser ou ennuyer, je le conçois, c'est vraiment très bien ficelé...:)

[ffred]

Je crois que mon préféré des 3 est A propos d'Elly finalement...

[Heavenlycreature]

Une Séparation m'a énormément marqué... c'était l'un de mes préféré de 2011 et a y repenser l'un des meilleurs films vu au ciné de ces dernières années.
A propos d'Elly, je l'ai découvert dans des conditions très particulières, puisque c'est à l'hôpital que je l'ai vu l'année dernière à la télé (avec les interruptions qui vont avec) mais je l'avais trouvé également remarquable.