Le nouveau film de Derek Cianfrance, réalisateur du magnifique Blue Valentine (2011), déjà avec Ryan Gosling, est un film qui s'appréciera davantage si on en sait le moins possible. Il vaut mieux être tenu au courant avant de lire la suite.
En plus de deux heures, le réalisateur nous plonge dans une épopée romanesque qui s'étend sur une quinzaine d'années et qui englobe le destin de plusieurs personnages, une saga sur fond de filiation, d'hérédité et de fatalité.
La première partie nous présente Luke, cascadeur itinérant qui est bouleversé en apprenant que la fille avec laquelle il a eu une aventure un an auparavant à donné naissance à un fils. Dès lors, il décide de s'installer dans la ville et, aidé d'un complice (excellent Ben Mendelsohn, dont le personnage est très ambiguë et dont je me suis dit qu'il était clairement amoureux de Luke), il profite de ses talents de motard pour commettre une série de braquages qui lui permettront de subvenir aux besoins de Jason, son fils... jusqu'au jour où une poursuite tourne mal et que Luke se retrouve face à un flic un peu trop ambitieux et zélé.
Alors qu'il était difficile de savoir où nous emmenait le film, passionnant au demeurant avec un Ryan Gosling plus magnétique que jamais avec ses cheveux blonds platines et son tee-shirt à l'envers, nous voilà embarqué dans une autre histoire, celle du flic, Avery, interprété par Bradley Cooper qui, après un passage par la comédie balourde montre toute l'intensité de son jeu. Le ton change, le personnage de Luke disparaît de l'écran mais sa disparition aura un impact dramatique sur la vie d'Avery et de tous ceux qui entourent les deux hommes...
La 3e partie est sans doute la moins réussie, en regard de l'intensité du début, mais, bien qu'elle semble un peu "facile", elle offre dans la confrontation des deux fils de Luke et Avery, 15 ans plus tard, un echo et un sens à toute l'histoire qui s'inscrit dans une tradition du film noir américain.
On pense au cinéma de James Gray, pour cette même façon de mêler drame familial et polar noir, et aussi parce qu'on retrouve Eva Mendès tout aussi sublime que dans La nuit nous appartient, malgré un rôle beaucoup moins glamour. On pense aussi à Mystic river pour la même intensité du récit qui s'étend sur plusieurs années.
The place beyond the pines est passionnant, il a la force des tragédies antiques, tous les personnages sont intéressants et joués avec brio. Mention spéciale à Ray Liotta, qui retrouve enfin un rôle à la hauteur de son talent. Sa partition est courte, mais quel jeu ! Il est vraiment flippant...
Incroyablement bien écrit, avec un sens de l'ellipse tout à fait maîtrisé, le deuxième long-métrage de Derek Cianfrance se suit sans ennui et s'apprécie pour la qualité de sa mise en scène, sa bande-son impeccable et sa photographie classieuse. Les plans du début avec Gosling et les néons de la fête foraine en fond sont superbes.
On n'est pas loin du chef d'œuvre.
9/10
The place beyond the pines
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