Spring Breakers n'est pas un film agréable.
Après avoir signé, entre autres, les scénarios de Kids et Ken park (Larry Clark), il ne fallait pas s'attendre de la part d'Harmony Korine de pondre un ersatz d'American Pie au féminin. Ce n'est ni un Projet X pour pré-pubères en manque de repère, ni un porno avec des adolescentes pour vieux cochons libidineux.
D'ailleurs, oubliez les jolies filles en bikinis sur-vendues par l'affiche... On a beau y voir des nichons et y mimer des fellations, la chair y est triste et ce n'est jamais sexy.
Le film de Korine est un conte contemporain glauque et malsain dont les héroïnes ne rêvent plus d'un prince charmant et d'avoir de beaux enfants mais bien de gagner de la tune facilement, de sucer des bites dures de se défoncer à la dope... elles enculent la morale et iront jusqu'au braquage d'un fast-food (excellente scène !), pour trouver l'argent qui leur permettra d'atteindre leurs rêves : se payer un Spring Break, une énorme fête sous le soleil de Floride où rien n'est jamais trop vulgaire ni indécent pour leur permettre d'échapper à la monotonie de leur quotidien bien tristounet.
Sous le regard du réalisateur, l'épopée se transforme en trip visuel et sonore, les néons fluos éblouissent et la musique de Skrillex résonne dans nos oreilles... Les filles se lâchent et ce n'est pas un petit rail de coke qui va les intimider... d'autant plus qu'il y a toujours les groupes de prière pour leur permettre de se repentir.
Et puis, il y a l'arrivée phénoménale du grand méchant loup, du prince pas du tout charmant, interprété par le décidément génial James Franco, qui les libère d'une garde à vue en payant la caution... Il est Alien, une sorte de Tony Montana moderne qui excelle dans l'art de manier le mauvais goût.
Avec lui, c'est le début d'un grand n'importe quoi que les filles, naïves jusqu'au bout du string (quoi que...) ne vont pas (toutes) voir venir en même temps.
Clairement, le réalisateur se fout de donner une vision réaliste de quoi que ce soit... ce qui l'amuse c'est de conférer une tension de plus en plus malsaine et sordide à son œuvre tout en nous hypnotisant et en nous interrogeant sur l'absence totale de valeurs humanistes de la part d'une partie de notre société contemporaine...
Il manie l'imagerie pop (et parfois ringarde) et le son avec brio, passant sans vergogne d'un rap de gangster couillu à une ballade sirupeuse de Britney Spears, nous servant au passage sur un plateau des scènes complètement azimutées qui n'ont pas fini de faire parler d'elles.
C'est sombre, c'est glauque, c'est halluciné mais c'est quand même pas mal du tout...
7/10