Potiche

Quelle bonheur! François Ozon nous sert sur un plateau la comédie la plus jubilatoire de l'année. Dès le début, le ton est donné, Catherine Deneuve en total look survet adidas rouge fait son jogging et s'émerveille devant des animaux mignons... on se croirait chez Disney, mais non, on est bien chez le plus prolifique des réalisateurs français qui quitte le drame pour revenir à la comédie avec panache, le seul a pouvoir jouer avec les clichés et une esthétique kitchissime sans jamais être ridicule. En apparence, il n'y a aucun doute, nous sommes bien en 1977 : Michèle Torr passe à la radio, on regarde Aujourd'hui madame à la télé, on fume dans les salons et la tendance est aux couleurs chatoyantes aussi bien sur les murs des maisons que dans les tenues vestimentaires, mais Ozon prend un malin plaisir pour insérer autant de pépites directement récupérées à la vie politique de notre époque dans cette histoire sur fond de crise industrielle. Bien sûr, on pense à 8 femmes, dans cette ressemblance assumée à ce qui s'apparente à du théâtre filmé (Potiche est à l'origine un bon vieux classique de Boulevard dans lequel Jacqueline Maillan brilla jadis), mais quel plaisir de voir un casting aussi réussi, tous ont l'air d'avoir pris un pied total. Judith Godrèche excelle en peste affublée d'une coiffe de drôle de dame, Gérard Depardieu est encore très bien en maire communiste (même si après Mammuth, ce deuxième rôle dans un film ouvertement gauchiste laisse perplexe quand on sait les conneries que le gros a pu sortir lors des manifs), Luchini est jouissivement infecte, Karin Viard est encore une fois drôlissime dans chacune de ses apparitions, Jérémie Rénier est savoureux en fils à maman en pleine marche libertaire vers une homosexualité assumée et Catherine Deneuve est sublime, exquise, flamboyante dans le rôle titre : il faut vraiment avoir la classe pour jouer avec son image comme elle le fait. Et quand au détour d'une scène fugace le film s'octroie le luxe d'un Sergi Lopez en caméo, on a la confirmation que l'on vit un grand moment de cinéma. Divinement drôle, percutant, servi par un casting parfait, Potiche gagne le pari d'être la meilleure comédie de l'année. Une pépite qui devrait marquer durablement le triste paysage ambiant de la comédie française.

Comments

[dasola]

Bonsoir, heavenly, film presque parfait à l'exception de Fabrice Luchini que je n'ai pas trouvé très à l'aise. Quel bonheur de réentendre Michèle Torr ou Il était une fois. Quand Deneuve chante à la fin, la salle où j'ai vu le film était aux anges. Bonne soirée.

[Fritzlangueur]

Merci ! Merci ! Merci ! Pour Deneuve et Ozon... Rien à dire ta critique est jouissive !

[Bob Morane]

C'est magnifiquement lyrique mais ça correspond bien à ce que j'ai ressenti en sortant de la salle. Un grand moment de bonheur.