Il y a des films qui marquent par leur beauté visuelle, dautres par la densité de leur sujet « Hunger » marque des points sur les deux tableaux. Lhistoire, cest celle de membres de lIRA emprisonnés sous laire de la dame de fer dans lIrlande du Nord de 1981 et qui, parce quils refusent de porter la tenue réglementaire des détenus de droit commun, ont fait une grève de lhygiène avant dentamer une grève de la faim drastique. On suit ici lune des figures emblématiques de ce mouvement : Bobby Sands. Caméra dor au dernier festival de Cannes, « Hunger » est un bijou de mise en scène, chaque plan est magnifique, les plans séquences sont nombreux et souvent lents, permettant damplifier la peur et la détermination des personnages et les dialogues sont rares mais toujours indispensables. Mais le film est également ponctué par des petites scènes violemment intenses qui ne peuvent pas laisser indifférent. Le spectateur se laisse alors envahir par une émotion brute devant la violente beauté de certains passages. Le film de Steve McQueen nous prend aux tripes et nous laisse un goût amer dans la bouche. La prestation hallucinante de Michael Fassbinder dans le rôle de Sands est juste inoubliable et devrait lui ouvrir de nombreuses portes. « Hunger » est donc un grand film politique, une uvre coup de poing qui marque mais qui doit se voir en connaissance de cause car certains passages sont quand même à la limite de linsoutenable.